Au début, il y avait le désir de filmer un univers peu exploré dans le cinéma documentaire. J’ai contacté plus de 50 entreprises de pompes funèbres qui avaient un profil familial. Les réponses ont été très minimes. Parmi elles, il y avait Pascal Malherbe et Jean-Pierre Comtet, deux entrepreneurs qui ont su comprendre ma démarche et qui m’ont donné tout la latitude pour pouvoir filmer. C’était maintenant il y a 5 ans.
Il fallait encore que je puisse réunir ces deux hommes, ces deux entreprises, ces deux regards dans un seul film afin de créer un dialogue entre leurs deux approches de la mort. Il fallait qu’il fasse partie de la même entité, de la même entreprise.
C’est là qu’est né l’idée du film Le domaine.
En partageant le quotidien très différent de leurs entreprises de pompes funèbres, nous découvrons peu à peu un monde de l’entre-deux où se tissent des liens intimes avec nous autres, les vivants qui un jour se retrouveront face à la mort.
Le domaine explore cette relation intime pour extirper une autre lecture de notre société en devenir, d’une société qui repousse de plus en plus les limites de la mort, d’une société post-mortelle. Progressivement, notre monde voit l’homme refuser de vieillir, les familles se morceler, l’individu s’affirmer au détriment du collectif, les gens se faire assister jusqu’aux derniers moments de leur vie.
Autant de révolutions sociétales que Pascal Malherbe et Jean-Pierre Comtet ont dû prendre en considération pour faire évoluer leur entreprise et répondre aux exigences de leur temps.
M. Malherbe et M. Comtet savent qu’ils sont face à de grands chamboulements à l’entrée du XXIeme siècle. Le domaine évoque la fin d’une époque, le travail d’une génération, celle de M. Malherbe et de M. Comtet. Il ouvre les voies d’un nouveau monde, celui qui verra la vie se dilater davantage et peut-être même la mort disparaître…